5000 bornes au compteur ce mois-ci. Je commence à entrevoir les douces réalités d'être "sur la route". Dur physiquement pour nous, les sièges à l'avant du van sont tout sauf confortables ou ergonomiques... Ceci dit on peut difficilement leur en vouloir après 17 ans de loyaux services sur les routes et les paires de fesses successives qui s'y sont posées ! La parade : on entasse des coussins, des fringues, tout ce qui peut caler le dos et les hanches à peu près droit. L'installation est assez épique !

Faut-il parler du paréo/rideau aux motifs de feuille de cannabis coincé dans la fenêtre passager ? À date on ne s'est pas encore fait arrêtées par les flics, donc on le laisse. Il sert à nous protéger du soleil en milieu de journée. On a tapé du 33 degrés récemment, on n'a pas la clim, c'était super... .


Au delà de l'état du van, il y a l'état des routes. Par endroit, on n'a pas jugé utile de goudronner, la poussière et les graviers feront bien l'affaire (les fameuses gravel road). Ailleurs, la route passe subitement de deux voies au marquage au sol impeccable à une, aux bas côtés de type gros fossé flippant et sans pointillés rassurants ! Trois paires d'yeux ne sont pas de trop.


Mais le pire cauchemar sur la route reste les animaux. On ne roule JAMAIS, au grand jamais, à l'aube ou crépuscule ! Exemple édifiant : depuis mon arrivée, 97% des kangourous que j'ai croisé étaient morts. Grands oubliés de la sécurité routière qui comme nos chevreuils français se jettent devant les phares des bagnoles en pleine nuit. Avec un 4x4 équipé d'un pare-buffle en titane blindé, okay. Avec le van, c'est nous qui mangeons du kangourou dans l'habitacle.


Autre menace de taille pour notre petite coque de noix sur roues : ce qu'on appelle les road trains. Mais si vous savez il y a souvent des reportages dessus, de préférence l'après midi sur les chaînes de la TNT ? En général on y découvre Jack, australien pur souche de 45 ans avec son accent à couper au couteau, qui conduit un camion avec cinq remorques successives chargées de paille à travers le désert. Bref, c'est vrai pour les remorques en tout cas, la plupart de ces camions totalisant plus de 50 mètres de long. On comprend mieux l'appellation "train". Ça vaut aussi pour le freinage, qui vu l'inertie du bazar prendra vachement plus de temps, logique. Sachant que les bestiaux roulent à un gros 100/110km/h de croisière, que leurs pare-buffles font la taille de portails de maisons en tubes métalliques d'épaisseur 15cm, je n'irais pas jouer à faire coucou sur le bord de la route quand ils passent... Pareil derrière le volant : on ne les double pas, on garde nos distances. Reste plus qu'à serrer les fesses si lui se décide à nous doubler, et maîtriser ensuite l'appel d'air dégagé par le monstre sur son passage. 


Point rassurant : malgré toutes ces joyeusetés, pas d'accident à déclarer pour le moment (à part deux oiseaux, paix à leur âme...) ! On roule prudemment, en plein jour et de toute façon les sièges font trop mal au dos pour faire une sieste et quitter la route des yeux !


Et puis, malgré les distances folles et nos vieilles articulations qui craquent : il y a les paysages, l'impression de découvrir une nouvelle planète. Et ça, ça vaut de l'or...