Après quelques jours de recherches actives et pas mal de tournage en rond dans la région de Mareeba et ses 200 fermes (au bas mot), on a finalement trouvé un job !!

Alizée avait commencé à laisser des petits mots scotchés aux portes quand on ne rencontrait personne dans les fermes. Le contenu approximatif du message : "Hé salut on est trois Françaises à la recherche de boulot, call me". Perso, j'y croyais pas trop... Au final ce sont les seuls contacts qui nous ont rappelé ! Inespérée cette histoire.


Rendez-vous le lendemain à 7h du mat à la ferme. On enquille les 300 bornes qui nous sépare de Dimbulah dans l'après midi.


*Oui parce qu'entre temps, pour éviter la déprime et le chômage, on s'était exilées pour une journée dans la Daintree Rainforest. Très ancienne forêt tropicale et épinglée au patrimoine mondial de l'Unesco. De toute beauté cet endroit, j'y retournerai plus longtemps.*


Bref, pendant qu'on rebrousse chemin à travers la forêt, on reçoit l'appel de DBC Farming à Dimbulah. Je comprend pas tout ce qu'on me raconte, non seulement le mec est pas très clair et n'a pas trop l'air d'avoir envie de causer, mais la réception est pas top. Parmi les miettes d'informations recueillies, j'ai compris : élagage de manguiers, payé à l'heure, salaire minimum légal, 8h de boulot quotidien. Et encore, je suis pas hyper sûre de moi sur les manguiers. En cette morte saison agricole dans le nord du Queensland, on aurait accepté n'importe quel boulot, honnêtement (si je me trouvais déjà servile en presta chez Airbus, bonjour le résultat ici...).


On se pointe le jour J, il s'agit en fait d'une ferme d'avocats. À la limite c'est pas grave. Mais comme les places en "pruning" (élagage des arbres destinés à éclaircir leur centre) sont déjà prises, on nous case dans la team que j'ai baptisé la "raking team", a défaut d'un nom convenable. Armées de fourches ou râteaux tout ce qu'il y a de plus basiques, nous allons rassembler les branches coupées et tombées sous les arbres lors du pruning au milieu des allées, afin que le gros tracteur et le broyeur industriel accroché derrière réduise le tout en miettes. Une ferme d'avocats est constituée de rangées d'arbres bien sages suffisamment espacées pour laisser passer ledit gros tracteur. Avant le passage de la raking team les branches sont d'ores et déjà disposées au milieu des rangées. On est ingénieurs, on aime les process et les optimisations : pourquoi le tracteur ne fait pas le boulot tout seul dans ce cas là ? 

Parce que la petite main humaine (et son rateau), elle, sait trier les branches à ramasser de la paille au pied des arbres. La paille retient l'humidité dans la terre et empêche l'invasion de plantes folkloriques sous les arbres. J'ai lu quelque part que la culture des avocats était extrêmement demandeuse en eau, ça doit expliquer le paillage.


Premier jour à la fourche, a 15h je suis à un micromètre de tout abandonner tellement je suis à bout physiquement. Les filles sont dans le même état. Et moi qui pensais faire un boulot "physique" chez Airbus, la blague... On a devant nous deux semaines de boulot, ou plus. Sachant qu'il y a deux terrains à entretenir en tout. Les horaires sont également bien plus violents que chez Airbus : 7h-17h, une heure et demie de pause répartie dans la journée, ponctualité rigoureuse. On est payé à l'heure certes, mais pas pour glander.


Le lendemain matin à 6h, autour d'un café dans la brume et le soleil pas levé (la cuisine du camping est ouverte aux quatre vents, on est en Australie hein), on s'arme de courage et on y retourne. Plus par fierté que par aptitude physique ! J'ai pas encore touché la fourche que je ne sens déjà plus mes mains...

On endure quatre jours sans broncher, et heureusement on a les weekends de libres. Ce qui n'est pas le cas partout.


Ça fait maintenant deux semaines que ça dure, que je faisais gaffe à mon dos, que je ménageais mes articulations de pré-trentenaires, quand hier BIM, j'ai titillé un nerf une minute de trop en voulant finir un rang à toute vitesse avant la pause dèj ! Idée STUPIDE, on est payées à l'heure. Un classique de ma part, j'ai encore pas pris le temps de m'écouter.

Résultat : vendredi au calme, nerf sciatique le moins sollicité possible et advienne que pourra lundi prochain...


En attendant, la paye est tombée et ça nous donne grave la pêche !